Ma chérie,

C’était il y a un an… A la fois hier et il y a une éternité. Depuis, le temps n’a plus la même allure. Tu as brouillé les aiguilles des horloges et suspendu à toi, le temps a une saveur jusqu’alors inégalée. Quelle magicienne es-tu, ma chérie, pour à la fois nous faire tous prendre une génération dans les dents et nous faire nous sentir plus jeunes et plus forts qu’on ne l’aurait jamais cru ?  Quelle magicienne es-tu pour me faire oublier que j’ai eu une vie sans toi ? Tu as réussi à effacer mon agenda, ne me laissant qu’un seul projet : toi.

C’était il y a un an, j’étais à quelques heures de te rencontrer, ma jolie. Tu gardais encore précieusement ton petit secret : une petite fée se cachait au creux de moi. Tu as enchanté ma vie, comme personne n’a pu le faire avant toi. Et ces premières heures à ton chevet, le cœur en bataille et la vie accrochée au bord des yeux en une larme qui ne sait pas si elle est de joie ou de peur. Ces premiers contacts, intenses, toi qui t’abandonne contre moi, continuant la fusion de la grossesse par ce contact charnel, ta petite bouche entrouverte ; tes premiers regards et tes mains : ces mains qui m’ont semblé bien grandes quand je les ai vues. Il ne restait rien autour, il n’y avait que nous : toi et moi, ton papa nous entourant de son amour et de son regard ; dans cette chambre loin de tout. A des milliers de kilomètres de la terre, mon cœur a explosé d’amour tel une supernova.

Et tu as grandi. Au sens propre, d’abord. Ma toute petite, tu n’es plus si petite. Ton premier petit pyjama pend sur le côté de ta penderie, comme un vestige pour ne jamais oublier que tu as été ce nouveau-né que j’ai serré contre moi. Mais tu as surtout vu ton caractère s’affirmer… Et si tu savais comme je suis fière de ce que je découvre. Une petite fille curieuse, observatrice… Tu es minutieuse, et tu aimes découvrir. Rien n’échappe à ton attention : le trou dans ma chaussette ? Tu l’as vu ! Un nouveau cadre ? Tu l’as vu ! Une nouvelle peluche dans ton petit lit ? Tu te précipites dessus pour la prendre dans tes bras. Et moi, je te regarde et je goûte chaque instant à la chance que j’ai. Tu es là, comme une évidence. La plus grande évidence de ma vie : je suis Maman. Imparfaite, chamboulée, hypersensible, … Mais je suis Maman, comme si je l’avais toujours été, quelque part mais que seule toi, ma petite fée, pouvait m’aider à découvrir ce talent caché.

C’était il y a un an, j’étais à quelques heures de ce grand bouleversement. A quelques heures de cet ouragan qui allait changer mon corps, mon cœur et ma vie. Tous les baromètres ont explosé, désormais, c’est toi qui fais notre météo. Nos vies sont encore là et tu les as embrassées avec nous. Tu as su te faire apprécier de tous. D’ailleurs, quand on rentre dans une pièce avec toi, on a l’impression que c’est petite E. et ses parents qui entrent ; et non A. et C. et leur fille… Mais on aime tellement cela. Voir tes grands yeux bordés de ces cils immenses qui mangent ton visage, voir ces yeux bleus découvrir les autres ; les observer avec ton petit air de pince sans rire. Mon cœur se gonfle sans cesse de cette bouffée particulière que toutes les mamans du monde doivent déjà avoir ressentie : une immense fierté doublée d’un amour infini. Et puis, je regarde ton Papa, on se sourit et on sait qu’on a sur le cœur l’empreinte indélébile de ces moments-là.

Aujourd’hui, on fête tes un an. Cette première année a été bouleversante, difficile parfois mais tellement riche de joie et de projets. Joyeux 1 an, ma tout petite. Profite de la vie à chaque instant. Je garde en mémoire tous ces moments, je les médite et te les raconterai encore et encore. Le cœur au bord des lèvres et les yeux encore emplis de la joie et de la fierté d’être ta Maman.

La vie s’est engouffrée dans ton sillage et tu as tout emporté : l’amour, la joie, la peur, la peine, le monde. Il ne reste que toi, mais il reste tout à la fois.

Maman