Chère Charlotte/Sophie/Audrey/Pauline/Claire… : lettre à toi, jeune maman, un peu désemparée

Chère Charlotte,

je m’écris à moi-même, aujourd’hui, comme je l’ai fait pour mes amies jeunes mamans. Comme j’aurais aimé qu’on le fasse pour moi… Comme je souhaite écrire à toutes ces mamans un peu désemparées. Comme j’aimerais pouvoir me relire lorsque, à nouveau, je serai confrontée aux balbutiements de la maternité.

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Tu as accueilli avec fierté, amour et, il faut le dire, un certain  héroïsme, ce petit être que tu tiens aujourd’hui dans tes bras. Tu l’aimes tellement que tu en deviens folle : folle d’amour, de fatigue, de joie et d’angoisse. Tu l’aimes tellement, et pourtant… Tu te sens si seule. Comme si, d’un seul coup, on t’avait enlevé toute préoccupation pour ne t’en laisser qu’une seule : le bien-être de ce nouveau-né qui dépend de toi.

Et tu es là, à le regarder, submergée par un trop-plein d’émotions dont tu ne sais que faire. Tu es là, à l’aimer de toutes tes forces, mais tu es aussi aussi terriblement perdue. Ces sentiments, cette tornade d’émotions, tu peines de plus en plus à les contenir. Tu souris, tu ris, tu dis que « c’est que du bonheur », tu assures que tu profites de chaque instant car c’est ce que tu crois que les autres veulent entendre. Tu tiens le rôle de la mère-courage; celle qui ne flanche jamais : ce roc sur lequel toute la famille s’appuie. Et pourtant, … Pourtant tu as peur, tu ressens une énorme tempête intérieure que tu ne sais comment calmer et quand tout le monde est parti, tu craques : tu pleures et tu perds pieds face à ce petit être qui bouleverse ta vie.

A toi, je voulais te dire que…

C’est normal! Cette tempête intérieure, cette angoisse, cette fatigue intense : c’est ce qu’on appelle le baby blues. Baby blues, une expression un peu (trop) sympa pour parler d’un déferlement d’émotions, d’un yoyo de tes hormones, d’un tsunami dans ta vie. Mais aussi intense te semble être l’épisode; sache que c’est normal et même très commun. Pendant quelques heures ou quelques semaines, beaucoup de femmes passent par là. Et elles n’en sont pas de moins bonnes mamans. Tu te rappelles, ta copine Miss Parfaite, qui a toujours l’air super bien et qui même après la naissance de ses jumeaux semblait être juste au top? Elle aussi, elle a sans doute versé une ou deux larmes. Elle aussi, elle a sans doute connu les nuits sans beaucoup dormir à se poser mille questions. Alors stoppons là l’idée reçue selon laquelle une jeune maman doit être l’incarnation même de l’épanouissement maternel! Une jeune maman : ça se bat avec les hormones qui jouent aux montagnes russes, ça fait ce qu’elle peut et ça reste un être humain. Alors je dirais même : c’est normal et même plutôt sain de faire un baby blues. C’est la preuve que tu t’adaptes, comme tu peux, à ta nouvelle vie. C’est juste un rééquilibrage, un peu violent, certes, mais un simple rééquilibrage. Et une fois que tout sera mis en place : tu vas enfin te reconnaître et te retrouver… Alors ne culpabilise pas!

Je voulais te dire que…

Tout finit par passer : les mauvaises nuits, les angoisses à chaque instant, les difficultés de l’allaitement, la douleur post-accouchement, … Tout finit par passer et dans quelques mois, tu ne te souviendras avec acuité que des bons moments et de manière très diffuse des mauvais moments. Dans quelques jours ou semaines, ces sentiments ambivalents auront disparus et il ne restera que la joie et l’amour (et aussi un peu la fatigue, mais le bonheur l’absorbe!).

Je voulais te dire que…

Tu n’es pas seule! Aucune maman au monde ne peut dire qu’elle n’a jamais connu un moment de tristesse, d’angoisse ou de fatigue intense suite à la naissance d’un de ses enfants. Tu n’es pas seule, et si tu en parles, tu verras, autour de toi plusieurs personnes te confieront avoir connu ça aussi. Et rien que de savoir que quelqu’un au monde te comprend : ça fait déjà beaucoup! Alors confie-toi, parles-en, explique ce que tu ressens… Tu trouveras des oreilles attentives, j’en suis certaine.

Je voulais te dire que…

Le sommeil et le repos, il n’y a rien de tel pour faire face à cette petite tornade dans ton cœur. Essaie de faire une bonne sieste (quand bébé dort ou quand son Papa est là pour aller un peu le promener te laissant profiter de ton lit quelques minutes). Prend du temps pour toi et pour ton bébé; quelques activités qui le et te détendent pourront être très bénéfiques : massage, bain, tétée prolongée couchés l’un près de l’autre, musique douce … Si tu le peux, va prendre un verre avec une amie, va chez l’esthéticienne, essaie de prendre une longue douche bien chaude ou écoute une playlist qui te met en forme.

Je voulais te dire que…

Parfois, pleurer ou crier, ça fait juste du bien. Alors fais-le si tu en ressens le besoin. Ne te cache pas, laisse-toi aider! Et si tu en as besoin écris : à toi-même, à ta meilleure copine, à ta sœur, ta mère ou à moi.

Chère Charlotte, je t’embrasse d’avance et t’envoie toute ma force d’aujourd’hui. Je sais que la prochaine fois, ça ne durera pas longtemps non plus mais je sais aussi que quand tu seras dedans cela te semblera aussi déroutant que la première fois. Mais en tout cas, je voulais que tu saches : tu assures comme Maman. Si si, c’est vrai! Tu assures et tu es la seule à penser que ces larmes font de toi une mauvaise maman. Alors souris et regarde ton petit : ce sourire de sa maman, même avec ses yeux baignés de larmes; ce sourire-là, c’est son meilleur engrais! Il va pousser comme une mauvaise herbe et au final… Il ne restera que le meilleur : l’amour et la joie!

Pour voir des arc-en-ciel, il faut apprendre à aimer la pluie

XXX

Charlotte

11 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Madame Lavande dit :

    J’aime beaucoup le ton de cet article : plein d’optimisme et de mots tout doux ! C’est tellement vrai que l’on oublie vite et que ce qui reste c’est la joie et le bonheur. Mais le retour à la maison à 3 (ou plus) est un moment bouleversant et pour ma part pendant 48h j’ai souvent pleuré, sans même savoir pourquoi, il n’y avait pas de raison juste un trop plein d’émotions qui a d’ailleurs beaucoup déstabilisé mon mari ! Et puis c’est passé aussi vite que c’était arrivé.

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    1. Madame Lavande, j’avais lu ton gentil commentaire sur le blog de Malotine et ça m’avait fait plaisir de voir que tu avais découvert le joli univers d’Hélène que j’affectionne beaucoup.
      Mon chéri a aussi été un peu déstabilisé. Il ne comprenait vraiment pas.
      Je pense que ça fait partie des petites choses de la vie que seule une autre femme peut vraiment comprendre.
      C’est vrai aussi que ça arrive d’un seul coup et puis… hop ça repart aussi subitement.
      Belle journée à toi et ta petite puce!

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  2. Claire dit :

    Merci pour ce texte très juste et émouvant.

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  3. Ce texte est bien écrit, pleins de tendresse…
    Je le garde sous le coude pour dans quelques mois !

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    1. J’espère que je ne t’ai pas effrayée, surtout!
      Honnêtement ça passe vite, et si me relire te fait du bien si tu traverses une baisse de régime, j’en serais heureuse.
      J’espère que ton petit haricot grandit comme un haricot magique et que tu vas bien ! ❤

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      1. Non, tu ne m’as pas fait peur ! 😉 j’ai conscience que c’est un grand chamboulement dans une vie…
        Mais au besoin, le moment venu, je serai contente de pouvoir m’appuyer sur des textes, des personnes qui sont déjà passées par là !
        Il pousse bien et surtout il bouge bien !!! Moi ça va aussi !

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  4. Laya dit :

    Je n’ai que deux mots merci et bravo
    Merci car cela fait du bien de pouvoir lire ces mots, de se rendre comité que l’on n’est pas seule à vivre le baby blues.
    Bravo car vous avez su trouver les bons mots pour expliquer, retranscrire ces émotions difficiles.
    Effectivement, sont les montagnes russes.
    J’ai eu ma poupoune au mois de septembre dernier et mon baby blues a débuté le jour de sa naissance…quelques heures après …quel choc…moi qui étais déjà maman et qui ne l’avais pas vécu, je n’aurai jamais cru le vivre un jour…
    Étant réservée de nature et ayant tendance à tout garder pour moi, je n’en ai pas parlé…jusqu’à la fin
    Pour ma part,ca a duré un bon mois et puis plus rien
    J’ai commencé à en parler autour de moi deux mois après la naissance de ma fille. Mes proches étaient étonnés car ils n’avaient rien vu et oui, comme vous l’avez dit dans votre billet, on fait croire que tout va bien, qu’on est au top, que du bonheur…pour ma part j’avais honte
    J’ai compris avec le temps qu’il fallait en parler car des mamans comme vous comme moi, il doit y en avoir beaucoup et le fait d’en parler les incitera à leur tour à en parler, à se sentir moins seule.
    Désolée pour ce long roman…
    Je vous souhaite une bonne soirée
    Linda

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  5. Laya dit :

    Désolée pour les fautes, je ne me suis pas relue avant de valider et le correcteur du téléphone m’a joué des tours ..;)

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    1. Mille merci pour ton gentil commentaire et pour ton partage! Et mille fois désolée pour la modération et ma réponse à ton petit mot!
      Je suis heureuse que ces quelques mots puissent aider et surtout se faire se sentir moins seule.
      J’ai été déstabilisée par cette expérience et j’ai surtout eu peur de ne jamais aller mieux… Et puis…. Le soleil revient. Toujours.
      Mais en parler permet d’aller tellement plus vite.
      Plein de belles pensées!

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