Les petites lignes de la vie

Il y a quelques mois, je me suis rendue compte, en m’observant dans un miroir que mon visage commençait à avoir quelques petites lignes… De celles dont on redoute l’arrivée, qu’on essaie parfois à tout prix de combler, de masquer ou de camoufler.

J’avoue ne pas avoir fait grand-chose pour éviter qu’elles n’arrivent, ces petites rides. D’abord car je suis jeune. Je ne pensais pas qu’elles viendraient si vite. Ensuite, car j’ai une peau grasse (mais vraiment grasse) et que je ne savais tout simplement pas quoi mettre sur ma peau. Enfin, car je n’avais jamais été bien conseillée par les dermatos préalablement consultés.

Et puis… j’ai rencontré ma dermato. Qui est juste géniale et qui est de très bon conseil. Elle m’a ainsi conseillé de bien hydrater ma peau avec une crème hydratante adaptée. Selon elle, il n’est pas (encore) nécessaire de prendre des produits antirides. Je peux me contenter de bien hydrater mon visage. J’ai donc instauré de nouveaux rituels pour prendre soin de ma peau et éviter qu’elle ne se marque trop.

Mais vous savez quoi… Oui, j’ai des rides… Mais je le vis bien !

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En fait, tout bien réfléchi. Je les aime bien ces petites lignes qui strient mon front, ces jolies pattes d’oie au coin de mes yeux quand je souris, les petites fossettes sous ma pommette quand je ris. Je les aime parce que chacune raconte une histoire.

Il y a celles de l’inquiétude, sur mon front. Celles qui sont arrivées quand je me suis tant inquiétée pour mon diabète de grossesse, celles qui se sont imprimées dans ma peau quand petite E a été hospitalisée, celles qui sont nées lors des petites maladies. Ce sont aussi celles de la peur, quand l’actualité est inquiétante. Celles des pleurs, des angoisses. Celles qui racontent les larmes sur mes joues et la fragilité qui est la mienne.

Il y a celles de la tristesse, entre mes sourcils. Celle que toi, Grand-Maman, tu m’as laissée en t’éteignant. Celles que j’ai laissées se marquer face aux coups durs de la vie. Celles qui apparaissent à force de ravaler mes larmes quand le monde me semble bien lourd à porter. Celles qui naissent à force de sanglots. Celles qui témoignent surtout du fait qu’un jour ces larmes ont été séchées. Que quelqu’un a été là pour moi, que j’ai surmonté un chagrin ou que j’ai laissé la vie gagner.

Et puis, il y a mes préférées : celles du bonheur. Les pattes d’oie au coin de mes yeux. Je pense qu’elles ont trouvé leur place le jour de notre mariage : j’ai tellement souri ce jour-là que je pouvais bien en attraper quelques rides. Et puis, il y a eu le test de grossesse. Les anniversaires de mariage et de rencontre. La rencontre. Les première fois. Et tous ces éclats de rire, ces petits et grands bonheurs qui ont marqué mon visage à jamais. Il y a eu les verres de vin en amoureux, les rires quand il me fait danser, les chansons fredonnées et mimées. Il y a eu les parties de cache-cache et les éclats de rire à en avoir mal au ventre. Il y a ce bonheur par jour, quotidien, que je m’astreins à trouver dans ma vie de tous les jours. Il y a eu le soleil sur mon visage, et les soirées à observer l’immense voie lactée. Il y a ces jours où la vie me sourit, ces jours où je me sens comme le roi du monde. Il y a les annonces de bonheur autour de nous qui me rendent tant heureuse. Il y a ces jours d’amour infini.

Ho oui, je les aime ces petites lignes de la vie. Je les aime car chacune raconte une histoire, mon histoire. Et que la vraie beauté n’est pas une coquille vide, aussi lisse soit-elle.

Au contraire… Dans la tradition japonaise, le kintsugi est une méthode de réparation par des fils d’or des pots en porcelaine ou en céramique. Plus un pot est réparé, strié de fils d’or, plus il est précieux. C’est finalement une jolie métaphore : ces petites lignes, ce sont mes fils d’or à moi.

kintsugi

Je vous souhaite des fils d’or, des petites lignes, de belles histoires et puis, surtout, beaucoup, beaucoup d’amour pour ces quelques fins traits qui ne font que raconter ce que vous êtes.

Moi et mes petites lignes, on vous embrasse.

XXX

Charlotte

7 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. ColombesMum dit :

    Très joli texte.

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  2. Elles font partie de nous ces petites lignes.. Très bel article qui les résume bien :*

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  3. lbv14 dit :

    Je ne connaissais pas cette tradition du bol doré, c’est splendide.
    Merci pour cet article qui fait du bien !

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  4. Flora dit :

    Très bel article !
    J’ai une peau très sèche et le fait de me tartiner de crème depuis ma tendre enfance doit retarder les miennes. Mais je les vois quand même s’installer, doucement mais surement. Mon mari en a déjà beaucoup et les pattes d’oies aux coins des yeux sont aussi mes préférés. Rien que de les voir me donner envie de sourire 🙂
    En grande fan de grey’s anatomy je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette chanson en lisant ton article (https://www.youtube.com/watch?v=b6325Ndfxtg).

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  5. Pititefleur dit :

    La tradition est magnifique. Et moi aussi je les aime bien mes petites rides, elle me rappelle que je grandis et vieillis mais elles me plaisent aussi 😊

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  6. madamelavande dit :

    C’est vrai que chez moi aussi de toutes petites lignes commencent à apparaitre. Je crois que ce sont surtout celles du bonheur pour l’instant !
    Mais j’ai découvert aussi mes premiers cheveux blancs peu de temps après le décès de ma belle sœur et mon accouchement, l’année dernière. Et j’ai plus de mal à les accepter, peut-être parce que je sais pourquoi ils sont là, et que ça me fait encore mal.
    J’aime beaucoup ton article, c’est vrai que notre visage reflète notre vie 🙂

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  7. Camomille dit :

    Toutes ses petites rides, ça veut déjà dire qu’on a la chance de vieillir. Et comme tu as raison de le prendre avec philosophie ! Je ne sais même pas si j’en ai. Je m’en fiche. Profiter des petits bonheurs, affronter les grands malheurs… C’est tout ce qui compte, non ?

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