Te remercier pour mieux t’aimer : « Cher corps, je te demande pardon… »

[Dans un hebdomadaire belge, cette semaine, un article que j’ai particulièrement apprécié : des lectrices y écrivaient à leur corps. Alors je me suis prêtée moi aussi à l’exercice…]

Chère Charlotte,
Ou plutôt, cher corps de Charlotte,

Toi et moi, c’est une histoire compliquée : faite d’amour, de haine, de petits coups bas, de tristesse et aussi, d’une symbiose qui nous est imposée et avec laquelle nous vivons comme nous pouvons.

Je suis désolée, désolée de ne jamais être totalement satisfaite de toi. Désolée de vouloir te changer, souvent. Désolée de, parfois, ne même pas pouvoir croiser ton reflet dans le miroir.

p1030713

Je suis désolée, de t’avoir imposé autant de restrictions, d’avoir forcé sur le sport, parfois. Désolée d’avoir dit du mal de toi et d’en avoir pensé au moins encore plus.

Mais en même temps, j’ai parfois envie de dire que tu l’as bien cherché. Je ne vais pas refaire la liste de mes griefs à ton égard, tu les connais…Tu sais comme moi, que tu souffres de la comparaison. La comparaison avec ceux de mes amies, ceux des autres. Ces corps qui semblent rester sublimes même après une semaine de repas de fin d’année, ces corps qui n’ont jamais eu d’acné, dont les yeux ne sont pas myopes, dont les doigts sont longs et fins…

Mais aujourd’hui, je souhaite surtout, mon cher corps, te remercier. Te remercier de ne m’avoir jamais lâché. Te remercier d’avoir toujours pu porter mes projets, de pouvoir courir, de pouvoir nager, de pouvoir serrer dans tes bras ceux que j’aime.De pouvoir partager une intimité amoureuse avec mon chéri

Je voulais te remercier, car même si mes yeux sont myopes, on les complimente souvent. Car mes cheveux sont beaux et forts et que je les coiffe facilement. Car mon visage a du caractère, que mon sourire est franc, que mes jambes sont galbées.

Je voulais te remercier car je sais que ces petites rides qui commencent à apparaitre sont nées des émotions que la vie m’a apportées : celle sur le front, c’est celle que j’ai attrapée lors de l’hospitalisation de Poupette, celle juste entre les sourcils c’est celle que j’ai développée en me tracassant pour mon diabète gestationnel mais celles que je préfère : celles qui naissent au coin de mes yeux à force de rire et de sourire.

p1030535-2

Je voudrais surtout te remercier car tu as porté la vie. Tu as tout donné à ma Poupette et en toi, elle était bien (c’est peut-être à toi, en fait, que je dois ces 3 jours de retard?). Et puis, après avoir porté la vie, tu as mis ma fille au monde. Toi, ce corps que j’ai tant détesté parfois, je t’ai tellement aimé ce jour-là. Tu as fait ce qu’il fallait, comme il le fallait et, grâce à toi, j’ai pu lui donner la vie. Et enfin, tu l’as nourrie, les premiers mois de sa vie. Ces premiers centimètres, ces premiers kilos : c’est toi et uniquement toi.

Alors, sincèrement, merci. Et pour la première fois, depuis des années, j’ai l’impression que je suis prête à être moins critique avec toi. Peut-être aussi car certains traits de toi se reflètent déjà chez ma Poupette. Peut-être parce que je lui ai donné mes yeux, mon front, mes oreilles… Peut-être parce que, le fait de te pardonner et apprendre à t’aimer, cher corps,aidera peut-être Poupette à aimer le sien. Et à ne pas lui faire subir la même chose que ce que, moi, je t’ai fait subir.

Alors, cher corps, c’est promis : je vais apprendre à t’aimer et à te respecter. Parce que je suis une maman maintenant, et que ça, c’était une belle affaire d’équipe. Un aventure que j’espère, d’ailleurs, que nous revivrons ensemble bientôt!

p1030238-2

XXX

Charlotte

PS : Si, toutefois, tu pouvais trouver le moyen pour que mes abdos soient un jour visibles, je ne dirais pas non et je t’en serai éternellement reconnaissante.

17 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Franchement, j’ai adoré! Très bel article :). Moi aussi j’ai appris à accepter mon corps :).

    Aimé par 1 personne

    1. Merci. Exercice difficile mais gratifiant, au final.
      Je vous souhaite beaucoup de paix à ton corps et toi! 🙂

      J’aime

  2. Ars Maëlle dit :

    Ça me parait une belle démarche que cette lettre. J’ai l’impression que les simples deux premiers mots, « cher corps », correspondent déjà à un état d’esprit qui ne nous habitent que rarement : penser à lui, et le considérer avec bienveillance plutôt qu’indifférence, mépris, violence ou dégoût.
    Comme toi, j’ai plutôt eu tendance à ne pas très bien traiter mon corps, mais grâce à la danse j’ai trouvé un nouveau rapport plus attentif et respectueux. Je trouve très beau que la maternité t’ait aidée à mieux vivre le tien, et très saine ta vigilance à ne pas transmettre à ta fille le genre de méchanceté qu’on s’envoie nous-même au sujet de son corps
    Il faut se rappeler qu’en plus de nager, courir et câliner, notre corps nous permet de voir, sentir et goûter : c’est notre seul lien avec le monde réel « physique », pour le percevoir et interagir avec lui. Et rien que ça, ça mérite une sacrée dose de reconnaissance !
    Profite bien du tien, et bon courage pour les abdos 😉

    Aimé par 2 personnes

    1. Merci pour ton commentaire! J’adore cette idée : notre corps est ce qui nous permet d’appréhender le monde physique. C’est vrai. Quelle sagesse.
      Je suis contente que la danse t’aide à mieux connaitre et aimer le tien.
      Mes abdos, mon corps et moi, on t’embrasse! 😉

      J’aime

  3. lbv14 dit :

    Vaste sujet que le corps !
    Dès tout enfant, on nous enseigne la différence des corps et on nous bombarde d’images de « corps parfaits », d’idéaux, de « il faut être comme ci, et ne pas être comme ça »…alors que notre corps, il est comme notre âme : unique. Il peut être abîmé, il peut être imparfait, il peut être porteur de handicap mais il fait partie de ce que l’on est, et il me semble que composer avec ce que l’on est est la seule possibilité qui nous soit offerte.
    « Cause be yourself is all that you can do » disait une chanson il y a quelques années…

    Aujourd’hui, enceinte, alors qu’il se transforme, je réapprends à l’aimer, à l’écouter, à le considérer. Je crois que l’histoire et les contacts que l’on a avec nos corps sont mouvants. Au fur et à mesure de nos expériences, de nos rencontres, des accidents et des événements, notre corps change et on doit apprendre à l’aimer autrement, différemment.

    Aimé par 1 personne

    1. Tu as bien raison. C’est difficile d’être en paix avec son corps quand on cherche une perfection imposée par notre société.
      Je suis contente que la grossesse t’aide à te réconcilier avec ton corps. J’avoue que pour moi, le post partum a été plus facile pour cela, car enceinte, je lui en ai quand même voulu un peu ;-).
      Belle fin de grossesse!
      Je t’embrasse.

      J’aime

  4. Charlotte Matz dit :

    J’espère que ton corps te remerciera pour cette jolie lettre 😀
    C’est vrai qu’après cette si belle aventure qu’il nous a permis de vivre en donnant la vie, on peut difficilement lui en vouloir!
    Tu as eu la chance d’allaiter ta poupette, je n’ai pas réussi…je dois encore en faire le deuil…ton article a ce sujet est très beau d’ailleurs, je suis terriblement jalouse!
    En tout cas qu’elle plaisir de pouvoir refaire du sport!! Manque juste un peu de temps!!
    Déjà envie du n°2? J’avoue que ça me tente parfois, et puis je me raisonne, j’ai envie de profiter d’elle…elle n’a que 4 mois!
    Biz!
    Charlotte.

    P.s: j’ai vu sur instagram que tu avais offert tes cheveux, comment faut-il faire pour participer??

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou Charlotte,
      merci pour ton gentil commentaire!
      Je ne sais pas si mon corps me remerciera (quoique, est-ce un abdo que j’ai vu apparaitre sur mon ventre ce soir? ;-)), mais en tout cas, mon esprit se sent mieux depuis l’écriture de cette petite lettre.
      Comme je le disais dans mon article, j’ai eu beaucoup de chance pour l’allaitement. Cela s’est bien déroulé, et cela a été très facile. Sans cela, je ne sais pas comment j’aurais réagi. Je ne peux que te souhaiter de te pardonner et de pardonner à ton corps… Pour ta puce, une maman qui l’aime et bien dans sa peau : c’est ce dont elle a le plus besoin!
      Le sport post grossesse, c’est super gai!J’avoue. Mais c’est vrai que le plus dur reste de trouver le bon moment.
      Pas encore vraiment envie du n°2, ou plutôt si. Depuis le premier jour de vie de Poupette, j’ai su que je voulais qu’il y ait un n°2, un n°3 et sans doute un n°4… Mais pour le moment, on construit notre petit nid. Donc on attend encore quelques mois avant d’y penser. Et puis, j’ai envie de profiter avec elle de ces moments de grandes acquisitions…
      J’ai effectivement donné mes cheveux; je vais faire un post prochainement.
      Tu es belge ou française?
      Si tu es belge, tu peux les donner via coupe d’éclat (http://www.coupedeclat.be/).
      En France, j’ai repéré ceci sur internet : http://association-solidhair.fr/faire-un-don/

      Je t’embrasse.

      J’aime

  5. mamanchloe dit :

    Très sympathique cette petite lettre à ton corps 🙂 Il est vrai qu’on voit souvent ses défauts davantage que ses qualités..Et pourtant ça fait du bien de se concentrer sur ces dernières… Comme tu le dis, le fait de porter la vie et de devenir maman nous aide (en tout cas moi) à mieux comprendre et accepter son corps. Et pour ça, on peut lui dire merci ! 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Bien d’accord. Ne fut ce que pour la détection des symptômes de grossesse ou encore pour apprendre à s’écouter et à plus écouter son corps, la maternité aide beaucoup.
      Merci nos corps! 😉

      Aimé par 1 personne

  6. Flora dit :

    Super article, j’aime beaucoup l’idée 😊 On a qu’un corps il faut en prendre soin !
    Moi aussi j’ai appris à aimer mon corps imparfait. L’habiller avec ce qui le met en valeur plutôt que de garder des habits d’une taille fantasmée qui n’est plus la mienne, et regarder mes bourrelets sans avoir envie de trancher dedans. Ça fait du bien d’avoir un peu de bienveillance avec soi même et ça ne peut qu’être profitable à ta poupette je pense.

    Aimé par 1 personne

    1. C’est sûr. Et je reste persuadée qu’un corps aimé est encore plus beau. Il s’assume, se tient mieux, se met plus en valeur…. Il prend plaisir à être vu.
      Ce n’est pas toujours facile ou possible, mais qu’est ce que ça fait du bien!

      J’aime

  7. Quel bel article !
    C’est une belle idée cette lettre à son corps… Il est difficile de le regarder avec bienveillance, on a toujours cette envie qu’il soit plus ceci, moins cela. J’ai beaucoup de griefs envers lui, alors je vais essayer de faire cet exercice pour ne pas transmettre mes complexes à mes enfants et leur apprendre à s’aimer (dans leur intégralité !) !

    Aimé par 1 personne

  8. Je te souhaite de trouver la paix avec ton corps.
    J’essaie de ne jamais faire de commentaires (dans aucun sens : positif ou négatif) sur le physique des gens ou de moi-même en présence de Poupette. J’aimerais ne pas lui transmettre mes complexes et mes exigences envers son propre corps. On verra. 🙂

    J’aime

  9. mamanlouna dit :

    Oh j’en suis toute retournée…. Je crois qu’une telle lettre lui ferait du bien, à mon corps à moi ! Surtout que, comme tu le sais, je lui en ai beaucoup voulu pour le diabète. Même si ça paraît vraiment bête de se concentrer sur ce qui ne marche pas bien et d’oublier tout ce qui fonctionne à merveille.
    Bref, je pense qu’il faut que je digère tes mots, et que j’essaie de me pencher sur la question. Mais en cette période de transition, en ce début de grossesse si prometteur, c’est difficile d’avoir les idées claires : j’ai envie de le choyer, de l’encenser, mais je crains déjà le retour de bâton au bout du chemin. Malgré la merveille de porter la vie et de la donner, le prix à payer dans les mois qui ont suivi a été drôlement rude pour moi, et j’en garde de l’appréhension.

    J’aime

    1. Je trouve que c’est difficile d’être ne paix avec son corps. Et bien que j’essaie de lui dire des choses gentilles, parfois, je le déteste sincèrement. (Comme en ce moment-même quand j’ai une otite, ou l’impression d’avoir des contractions concentrées dans mon oreille… Haha).
      Tout à fait honnêtement, je ne pense pas du tout que ce soit facile et je pense avoir encore beaucoup de chemin devant moi avant de totalement accepter ce corps. Mais je me dis que plus je le connais, mieux ça va se passer entre nous… 🙂

      J’aime

Laisser un commentaire